États-Unis. Interdire TikTok ne résoudra pas les problèmes causés par la surveillance intrusive des géants technologiques

En réaction à la décision du gouvernement des États-Unis d’interdire TikTok au niveau national si ByteDance, sa société mère, ne vend pas les activités américaines de l’application dans un délai de 270 jours, Lauren Armistead, directrice adjointe du programme Amnesty Tech, a déclaré :

« La décision du gouvernement américain d’instaurer une interdiction totale de TikTok ne répond pas aux risques et préjudices endémiques en termes de droits humains qui sont associés aux modèles économiques fondés sur la surveillance des autres géants du secteur de la technologie, comme Meta et Google. En outre, interdire TikTok restreint de manière disproportionnée le droit de tous à la liberté d’expression, qui englobe la liberté de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations.

Au lieu d’édicter des interdictions arbitraires, les autorités américaines doivent s’attaquer aux problèmes sous-jacents des modèles économiques fondés sur la surveillance, en adoptant des règlementations qui s’appliquent à toutes les plateformes des géants technologiques, afin de protéger réellement nos droits fondamentaux à l’ère du numérique

Lauren Armistead, directrice adjointe du programme Amnesty Tech

« Tout en interdisant TikTok, les législateurs américains donnent carte blanche à Meta et Google, leur permettant de continuer de collecter nos données et de piétiner nos droits à la vie privée. Au lieu d’édicter des interdictions arbitraires, les autorités américaines doivent s’attaquer aux problèmes sous-jacents des modèles économiques fondés sur la surveillance, en adoptant des règlementations qui s’appliquent à toutes les plateformes des géants technologiques, afin de protéger réellement nos droits fondamentaux à l’ère du numérique.

« Les dangers de la collecte massive de données et des algorithmes sur les réseaux sociaux, tels que l’amplification de la haine sur les plateformes de Meta et les répercussions des contenus nuisibles sur la santé mentale des jeunes, sont bien connus. Quel est le meilleur moyen de garantir la sécurité de ces plateformes ? Que les États règlementent de manière forte le secteur des grandes technologies. C’est pourquoi Amnesty International demande l’interdiction des publicités ciblées et appelle plus particulièrement TikTok à cesser d’hyperpersonnaliser par défaut son fil ” Pour toi “. »

Complément d’information

En 2023, Amnesty International a publié deux rapports mettant en évidence les violations que subissent les enfants et les jeunes qui utilisent TikTok.

Le premier, intitulé Poussé·e·s vers les ténèbres. Comment le fil « Pour toi » de TikTok encourage l’automutilation et les idées suicidaires, explique comment la quête effrénée menée par TikTok pour obtenir l’attention des jeunes utilisateurs et utilisatrices risque d’exacerber leurs problèmes de santé mentale, tels que la dépression, l’anxiété et l’automutilation.

Le deuxième, intitulé  « Je me sens vulnérable ». Pris·e·s au piège de la surveillance intrinsèque à TikTok, illustre comment les pratiques abusives de collecte des données auxquelles TikTok a recours sont alimentées par les pratiques délétères destinées à maximiser la participation des utilisateurs et utilisatrices.

Ces deux rapports s’inscrivent dans le cadre de notre travail dénonçant les modèles économiques des géants technologiques qui accordent la priorité aux profits au détriment des droits humains.

Amnesty International avait déjà documenté comment les algorithmes de Facebook et la recherche effrénée du profit de Meta ont contribué aux atrocités perpétrées par l’armée du Myanmar à l’encontre des Rohingyas en 2017.