En réaction à la violente agression d’un militant des droits civiques par des inconnus en Géorgie quelques heures à peine après que le président du Parlement géorgien l’a accusé dans un message publié sur les réseaux sociaux de participer à une « campagne de terreur organisée et politiquement motivée », Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« À la suite de dizaines de faits violents similaires, l’agression dont a été victime Zuka Berdzenishvili, quelques heures à peine après avoir été personnellement désigné par le président du Parlement comme une menace pour le gouvernement, soulève de graves préoccupations. De tels actes de la part de responsables gouvernementaux peuvent facilement être interprétés comme un feu vert pour se livrer à des violences contre les détracteurs du pouvoir en toute impunité.
À la suite de dizaines de faits violents similaires, l’agression dont a été victime Zuka Berdzenishvili, quelques heures à peine après avoir été personnellement désigné par le président du Parlement comme une menace pour le gouvernement, soulève de graves préoccupations
Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International
« Il est très préoccupant de constater que le gouvernement géorgien prétend à tort que les critiques à son encontre constituent un violent complot antisystème. Le durcissement de la répression à l’égard de la dissidence n’est pas une forme de défense, c’est une atteinte aux droits humains et une violation des obligations internationales de la Géorgie en la matière. La critique des autorités, aussi sévère soit-elle, est une forme d’expression protégée, et tous les représentants de l’État ont l’obligation de tolérer des niveaux élevés de critique et d’examen.
« Les autorités géorgiennes doivent mettre fin au cycle de la violence, enquêter sans délai sur toutes les agressions et veiller à traduire en justice tous les auteurs présumés, quels qu’ils soient, dans le cadre de procès équitables. »
Complément d’information
Dans la matinée du 11 juin, Zuka Berdzenishvili, militant des droits civiques, a été agressé par trois inconnus près de son domicile, à Tbilissi, et a été blessé à la tête. Cela s’est produit quelques heures seulement après que le président du Parlement, Shalva Papuashvili, a publié un message sur les réseaux sociaux désignant Zuka Berdzenishvili comme l’un des « citoyens indignés » participant à une « campagne de terreur organisée et politiquement motivée » contre les membres du parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Selon Shalva Papuashvili, Zuka Berdzenishvili avait contacté des députés par téléphone pour les menacer – allégations qu’Amnesty International n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante pour le moment.
Ces dernières semaines, de nombreux militant·e·s de l’opposition en Géorgie ont été agressés depuis que le gouvernement a rapidement adopté la législation controversée sur « l’influence étrangère », largement dénoncée comme une atteinte au droit à la liberté d’association. Sur fond de grandes manifestations, on constate une hausse des signalements d’actes d’intimidation, d’arrestations arbitraires et de violences contre les manifestants et les détracteurs présumés du gouvernement. Notamment, des silhouettes suspectes ont été aperçues près du domicile du chef de l’opposition Zurab Japaridze le 10 juin, à la suite d’une précédente agression brutale contre son frère ; l’étudiant Niko Managadze a été agressé en plein jour le 7 juin ; et le militant Ioseb Babaevi a été arrêté le 4 juin pour des accusations semble-t-il fallacieuses de possession d’armes à feu. Au moins deux personnes auraient également été appréhendées pour avoir publiquement confronté et critiqué des députés, dont l’une ferait l’objet d’un procès pour houliganisme.