Guyana : les policiers qui ont commis des actes de torture doivent être sanctionnés

Amnesty International a exhorté les autorités guyaniennes à inculper les policiers soupçonnés d’avoir torturé et maltraité trois personnes – notamment un adolescent de quinze ans – qui étaient détenues dans le cadre d’une enquête sur un meurtre.

Les policiers ont torturé l’adolescent en lui brûlant les parties génitales parce qu’il avait refusé de signer des « aveux ».

Il a ensuite été relâché et aucune charge n’a été retenue contre lui. Il est actuellement hospitalisé.

Il est l’un des trois hommes qui ont été arrêtés à la suite du meurtre d’un représentant du gouvernement local, Ramenauth Bisram. Ce dernier est mort le 26 octobre après avoir reçu de multiples coups de couteau.

Un autre suspect, Deonarine Rafick, est toujours incarcéré. Des policiers l’ont frappé avec un morceau de bois et lui auraient aussi brûlé la bouche avec des cigarettes pour le contraindre à signer des « aveux ».

Amnesty International a demandé instamment aux autorités guyaniennes de lui fournir des soins médicaux et d’enquêter sur les circonstances dans lesquelles il a fait ces « aveux ».

Le troisième suspect, un homme âgé de vingt ans du nom de Nouravie Wilfred, a été maintenu en détention au secret pendant sept jours. Mardi, toutes les charges retenues contre lui ont été abandonnées. Aux termes de la législation guyanienne la police peut détenir une personne pendant soixante-douze heures avant de la présenter à un juge.

Au cours de leur détention les trois suspects n’ont pas été autorisés à recevoir la visite de membres de leur famille ou d’avocats, ni à recevoir des soins médicaux.

« Ces actes de violence ignobles commis par des agents de la police guyanienne ne doivent pas rester impunis », a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

D’après des informations parues dans la presse du pays, deux policiers ont été arrêtés en lien avec les actes de torture infligés au garçon de quinze ans.

L’adolescent avait été arrêté le 27 octobre et emmené le lendemain au poste de police de Leonora – à environ six kilomètres à l’ouest de Georgetown, la capitale –, où il a été battu.

Lorsqu’il a refusé de signer des « aveux », des policiers l’ont maintenu à terre et lui ont arrosé les parties génitales avec un liquide inflammable auquel ils ont mis le feu.

Il n’a pas reçu les soins médicaux nécessaires ni bénéficié d’une assistance juridique avant le 31 octobre, bien que ses avocats et sa famille aient tenté de le voir à plusieurs reprises.

Deonarine Rafick a quant à lui été frappé dans le dos, sur les jambes, sur les fesses, au visage et sur le cuir chevelu avec un morceau de bois. D’après son témoignage, on lui a également brûlé l’intérieur de la bouche avec des cigarettes.

On l’a obligé à signer des « aveux » indiquant qu’il était impliqué dans le meurtre. Ses avocats, qui avaient plusieurs fois tenté de le voir, n’ont pu lui rendre visite que le 29 octobre.

Deonarine Rafick a été déféré devant un tribunal et inculpé de meurtre le 30 octobre. Son visage était contusionné et sa blessure au cuir chevelu n’avait pas été recousue.

Il est actuellement en prison dans l’attente d’une enquête préliminaire. Selon sa famille et son avocat, il n’a pas encore reçu de soins médicaux.

« Une enquête exhaustive doit être menée sur les circonstances qui ont permis à des policiers de violer de manière aussi flagrante la législation guyanienne et internationale en empêchant pendant plusieurs jours le détenu d’avoir accès à sa famille, à ses avocats et à des soins médicaux », a ajouté Kerrie Howard.