Multiplication des homicides liés à la sorcellerie en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Les autorités de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont exhortées à redoubler d’efforts pour empêcher de nouveaux homicides liés à des accusations de sorcellerie.

Les dernières victimes en date sont un homme et son fils, tués le 8 février. Des habitants du village de Ban ont abattu Plak Mel Doa, qui était âgé de soixante ans, et jeté son corps dans le feu. Le fils de cet homme, Anis Dua, a été traîné hors de chez lui et brûlé vif. Ils avaient été accusés par des villageois d’avoir causé la mort d’un membre éminent de la communauté en usant de sorcellerie.

Au cours de l’année 2008, un nombre croissant de meurtres liés à la sorcellerie ont été signalés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. D’après les médias, plus de 50 personnes sont mortes dans ces circonstances en 2008. Ce type d’homicide est soit en augmentation soit plus fréquemment signalé.

De nouveaux cas ont encore été signalés cette année. Le 30 janvier, un tribunal de village, composé de pasteurs de l’église et de responsables locaux, a déclaré coupable de sorcellerie et condamné à mort un villageois du district d’Unggai-Bena, dans la province des Eastern Highlands, qui était âgé de quarante ans. Plusieurs hommes du village l’ont ensuite tué à coups de machettes.

Le 6 janvier, à Mount Hagen, plusieurs hommes ont emmené une femme à la décharge de Kerebug, lui ont ôté tous ses vêtements, l’ont bâillonnée et l’ont brûlée vive, parce qu’elle était soupçonnée de pratiquer la sorcellerie.

« Alors que des dizaines de personnes ont été tuées à l’issue de véritables chasses aux sorcières, il ne fait aucun doute que le gouvernement ne prend pas les mesures adéquates afin de protéger ses citoyens et de préserver l’état de droit, a déclaré Apolosi Bose, chercheur d’Amnesty International sur les îles du Pacifique. Les forces de police et les autorités judiciaires doivent intervenir immédiatement avant que ce genre de violences commises par des groupes d’autodéfense ne fassent d’autres victimes. »

Amnesty International a souligné que la Gendarmerie royale de Papouasie-Nouvelle-Guinée (RPNGC) se montre bien souvent incapable de faire respecter la loi. À titre d’exemple, après les homicides du 8 février, la police a dit qu’elle s’était rendue sur les lieux du crime afin de confirmer la mort des deux hommes, mais que des villageois lourdement armés avaient empêché les policiers d’emmener les cadavres pour une autopsie à l’hôpital.

« Bien souvent, la population se méfie de la police et de la justice. Elle invoque des causes surnaturelles pour expliquer les événements et punit les sorciers présumés, a expliqué Apolosi Bose. La gendarmerie, le bureau du procureur et les autres autorités compétentes doivent redoubler d’efforts afin d’endiguer les violences commises par des groupes d’autodéfense, et de sensibiliser la population aux moyens dont elle dispose pour obtenir justice en toute légalité. »

Le 26 janvier, Amnesty International et Human Rights Watch ont adressé des lettres communes au ministre de la Justice Alan Marat et au chef de la police Gari Baki pour exprimer leur inquiétude au sujet des informations faisant état de meurtres liés à la sorcellerie, qui touchent particulièrement des femmes, et demander aux autorités de lutter plus fermement contre ces violences et ces meurtres. Elles n’ont reçu aucune réponse à ce jour.

Amnesty International a appelé la RPNGC à mener des enquêtes énergiques sur toutes les affaires de ce type et à faire en sorte que les responsables présumés soient déférés à la justice.