ENLÈVEMENTS EN SYRIE

En quatre ans, des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont disparu en Syrie aux mains du gouvernement. Où sont-ils ?

Des milliers de personnes sont mortes dans des prisons dans tout le pays, victimes d’actes de torture, de maladies et de conditions de détention effroyables. De nombreuses autres personnes, dont des enfants âgés de 2 ans, sont entassées dans des cellules.

Les familles des disparuscherchent désespérément à obtenir des informations sur leurs proches. Elles veulent savoir pourquoi leur fils leur a été enlevé, où leur fille est détenue, si leur frère est victime d’actes de torture, si leur père est encore vivant.

Quelqu’un a la réponse.

Monsieur le Président Assad, vous devez nous dire où sont ces personnes. Vous devez laisser entrer des observateurs internationaux indépendants dans le pays pour qu’ils visitent tous les lieux où des personnes sont retenues.

Les familles ont le droit de savoir : leurs proches ont disparu et ils leur manquent.

Je me demande toujours s’il a assez mangé aujourd’hui, s’il est blessé. Mais peut-être que ça ne sert à rien. Peut-être qu’il est mort.

Une mère dont le fils a disparu en 2011

Salam Othman, avocat

Nous étions une trentaine dans la cellule. Je n’ai pas vu le soleil pendant trois ans. Beaucoup de personnes ont perdu la tête.  

Torture et mort dans les cellules de Syrie

« L’une des pires méthodes de torture que j’ai vue était celle de la “chaise allemande”. La personne est attachée à la chaise puis son dos est poussé vers l’arrière. Certaines personnes se sont tout simplement brisées en deux. Leur colonne vertébrale n’a pas supporté la pression. »

Raneem Matouq décrit son séjour en détention l’année dernière. Cette étudiante en arts plastiques de 24 ans avait été enlevée par les autorités syriennes en février 2014. Pendant deux mois, les membres de sa famille sont restés sans nouvelles d’elle.

Certaines personnes se sont brisées en deux. Leur colonne vertébrale n’a pas supporté la pression.

Raneem Matouq

Salaheddin al Tabbaa, étudiant en soins dentaires âgé de 22 ans et venant de Damas, est mort d’une crise cardiaque cette année alors qu’il était en détention. C’est ce que des représentants de l’État ont dit à ses proches qui ont cherché pendant des mois à obtenir des informations. Mais les proches de Salaheddin al Tabbaa ont du mal à croire cette version. « Salah n’a jamais eu de problèmes cardiaques. Il faisait du basketball et se maintenait en forme. »

Salaheddin avait été emmené par des représentants de l’État alors qu’il se trouvait dans un taxi en septembre 2014. En juillet, sa famille était informée qu’il avait été enterré dans une fosse commune.

C’est trop dur pour nous de se dire qu’il ne reviendra pas.

Un proche de Salaheddin

Des centaines de personnes ont disparu et la communauté internationale n’a rien fait. Puis des milliers, puis des dizaines de milliers. Toujours aucune réaction.

Amer, dont le frère a disparu en 2012

Syrie : ils ont disparu et manquent à leurs proches

Des dizaines de milliers de personnes ont été arrachées à leur famille par le gouvernement.
Des milliers d’entre elles sont mortes, victimes d’actes de torture et de maladies dans des cellules aux quatre coins du pays.
Malgré cela, le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pris aucune mesure concrète pour mettre fin à ces crimes contre l’humanité.

Nous sommes des gens comme vous. Pourquoi ne réagissez-vous pas ?

Nous savons que cela se déroule dans l’une des dictatures les plus sanglantes de notre temps. Et pourtant, alors que nous sommes horrifiés par les atrocités commises par l’État islamique, nous fermons les yeux sur les crimes contre l’humanité commis par le gouvernement syrien. Le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas pris les mesures nécessaires pour mettre un terme à ces souffrances.

« Où est la communauté internationale ? Elle sait que les êtres qui nous sont chers nous sont enlevés et elle ne fait rien. Vous êtes libres, et vous comprenez ce qu’être libre signifie. Nous sommes des gens comme vous, et cela nous arrive à nous. Pourquoi ne réagissez-vous pas ? » Ces mots sont ceux de Hakim, dont le frère Turke a disparu en 2013.

Il est temps d’ouvrir les yeux. Monsieur le Président Assad, vous devez nous dire où sont les personnes disparues.