À la lumière des mesures mises en place par le président Nayib Bukele pour contenir la pandémie, notamment le placement en confinement forcé de personnes ayant enfreint la quarantaine, Amnesty International, le Centre pour la Justice et le Droit International, la Due Process of Law Foundation, le Washington Office on Latin America et la Mesoamerican Initiative for Women Human Rights Defenders ont adressé le 30 avril 2020 une lettre ouverte au président, exprimant leurs préoccupations au sujet des actions du gouvernement salvadorien.
« Aujourd’hui, nous demandons collectivement au président Nayib Bukele d’initier une stratégie de santé publique visant à protéger la population et ses droits dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Le gouvernement doit immédiatement revenir sur ces mesures qui, loin de servir des objectifs sanitaires, donnent lieu à de nombreuses informations faisant état de violations présumées des droits humains, notamment des détentions arbitraires et un recours excessif à la force, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.
Le gouvernement doit immédiatement revenir sur ces mesures qui, loin de servir des objectifs sanitaires, donnent lieu à de nombreuses informations faisant état de violations présumées des droits humains, notamment des détentions arbitraires et un recours excessif à la force.
Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International
« Les autorités ont arrêté des milliers de personnes et les ont conduites dans des centres de détention qui manquent souvent de mesures visant à garantir un niveau minimum d’hygiène et de distanciation physique. Avec cette stratégie, le gouvernement ne fait qu’augmenter le risque de contagion au lieu de protéger les gens contre le virus. En outre, la détention de personnes sorties chercher de l’eau, de la nourriture et des médicaments touche de manière disproportionnée les pauvres. Le Salvador a besoin de solutions globales afin de lutter contre les inégalités et les causes qui les amènent à sortir afin de répondre à leurs besoins élémentaires.
« Les propos du président Nayib Bukele ont une nouvelle fois fait retentir la sonnette d’alarme au sein de la communauté internationale. Ses messages publics qui appellent à ne pas respecter les arrêts de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice, incitent les forces de sécurité à mettre en œuvre des mesures violentes et discréditent les organisations de défense des droits humains, sont inacceptables. Le gouvernement s’engage sur une pente dangereuse contraire à l’état de droit et aux droits humains. »