Réagissant aux informations signalant que le gouverneur de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, Erkin Tuniyaz, va rencontrer des représentant·e·s du gouvernement britannique, de l’Union européenne (UE) et de pays de l’UE au cours d’une visite prévue pour ces prochains jours, Alkan Akad, chercheur sur la Chine à Amnesty International, a déclaré :
« En sa qualité de gouverneur du Xinjiang, Erkin Tuniyaz joue un rôle de premier plan et est parfaitement conscient des atteintes aux droits humains massives et systématiques infligées par le gouvernement chinois aux Ouïghours, aux Kazakhs et aux autres communautés musulmanes dans cette région. Il s’agit d’actes de torture, de persécutions et d’emprisonnements massifs, qui selon les Nations unies, Amnesty International et d’autres intervenants, pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
« La visite qu’il effectuera en Europe, lors de laquelle il serait prévu qu’il rencontre des représentant·e·s du gouvernement britannique, de l’Union européenne (UE) et de pays de l’UE, va sans aucun doute être utilisée à des fins de propagande par les autorités chinoises, qui ont à maintes reprises tenté de cacher ou d’étouffer les crimes de droit international et les autres graves violations des droits humains qu’elles ont commis dans le Xinjiang.
« Il faut poser les questions essentielles au sujet des motifs de cette visite. Si les représentant·e·s des gouvernements cités acceptent de le rencontrer, ils ne devront pas se rendre complices de cette flagrante opération de propagande.
« Ils devront s’exprimer sans détour et demander publiquement aux autorités chinoises de rendre des comptes pour les crimes contre l’humanité perpétrés dans le Xinjiang. Tout État invité à recevoir Erkin Tuniyaz devra se focaliser sur la nécessité du démantèlement du terrible système de discrimination et de persécution des minorités ethniques.
« Les représentant·e·s des autorités concernées devront demander des informations au sujet des nombreuses personnes qui ont été placées en détention ou qui ont disparu sans laisser de trace, et appeler à la libération de toutes les personnes détenues de façon arbitraire.
« Pour commencer, les autorités judiciaires des États européens doivent mener leurs propres enquêtes pour savoir si Erkin Tuniyaz porte, en ce qui concerne ces crimes de droit international, notamment les tortures, et les autres graves violations des droits humains, une part de responsabilité susceptible de justifier des poursuites. »
Complément d’information
Depuis 2017, de nombreuses informations ont été recueillies sur la répression qu’exerce la Chine contre les Ouïghours, les Kazakhs et les autres minorités ethniques à majorité musulmane dans le Xinjiang, sous couvert de lutte contre le terrorisme. En 2021, Amnesty International a publié un rapport étoffé montrant que l’emprisonnement, la torture et les persécutions systématiques et de masse organisés par l’État chinois s’apparentaient à des crimes contre l’humanité. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié en août 2022 un rapport indiquant que des crimes contre l’humanité pourraient avoir été commis dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.
La campagne d’Amnesty International Libérez les détenus du Xinjiang a, à ce jour, dressé le profil de 126 hommes et femmes qui font partie du million de personnes peut-être se trouvant en détention arbitraire dans des camps d’internement et des prisons dans le Xinjiang.