Côte d’Ivoire

Amnesty International ne prend pas position sur les questions de souveraineté ou les conflits territoriaux. Les frontières apparaissant sur cette carte sont basées sur les données géospatiales des Nations unies.
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Côte D’ivoire 2023

Des sympathisant·e·s d’un parti d’opposition ont été arrêtés arbitrairement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Des tribunaux ont déclaré illégales les expulsions forcées de plusieurs centaines de familles à Abidjan. Plus de sept millions de personnes étaient enregistrées en tant que bénéficiaires de la couverture maladie universelle. Toutefois, des préoccupations subsistaient quant au fait que certains traitements n’étaient pas remboursables. Le gouvernement a pris des mesures pour endiguer la hausse des prix des produits de première nécessité. La culture du cacao a continué de contribuer à la déforestation, mais un projet mené par les pouvoirs publics visait à conserver et accroître le stock forestier. Le travail des enfants persistait dans divers secteurs de l’économie.

Contexte

En septembre, des élections municipales et régionales se sont déroulées pacifiquement, trois ans après les violents affrontements qui avaient marqué l’élection présidentielle.

Les dépouilles de 47 personnes ont été restituées à leurs proches à l’issue des investigations judiciaires sur la crise postélectorale de 2010-2011, lors de laquelle plusieurs centaines de personnes avaient été tuées illégalement.

En novembre, le HCR avait recensé plus de 30 000 personnes venues trouver refuge en Côte d’Ivoire après avoir fui le conflit armé au Burkina Faso.

Plus de 30 personnes sont mortes dans des inondations entre avril et juillet, selon des sources officielles.

Liberté d’expression et de réunion

Le 24 février, les autorités ont arrêté arbitrairement 31 militant·e·s du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), une formation de l’opposition. Ces personnes ont été arrêtées après avoir accompagné le secrétaire général de leur parti qui se rendait à une convocation d’un tribunal pour son rôle présumé dans l’attaque d’une caserne militaire à Abidjan, en 2021. Le 9 mars, 26 d’entre elles ont été condamnées à deux ans d’emprisonnement pour « troubles à l’ordre public », mais elles ont été libérées le 22 mars après avoir obtenu un sursis en appel1.

Le 25 février, quatre hommes ont été arrêtés pour avoir arboré des drapeaux russes lors d’un rassemblement du PPA-CI à Yopougon, une commune d’Abidjan. Ils ont été détenus à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan et libérés le 22 mars sans inculpation.

Expulsions forcées

En mars, le tribunal de première instance d’Abidjan a déclaré que les expulsions forcées de plusieurs centaines de familles par les autorités communales dans les quartiers Houphouët-Boigny 1 et 2 de la commune de Koumassi, à Abidjan, étaient illégales. Ces expulsions avaient eu lieu en 2021 dans le cadre d’une politique d’assainissement et de prévention des inondations.

La municipalité de Yopougon n’a pas tenu compte d’une décision rendue en juillet par le tribunal de première instance déclarant illégale l’expulsion de 178 familles dans le quartier de Banco Nord Extension 2. En septembre, les autorités ont continué de procéder à des expulsions et de démolir des logements dans ce secteur.

Droit à la santé

Le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale a révélé en octobre que 7,2 millions de personnes étaient enregistrées en tant que bénéficiaires du programme de couverture maladie universelle (CMU), qui avait été mis en place en 2022 et visait à améliorer l’accès à des soins médicaux de qualité. Cependant, d’après certains médias, des préoccupations subsistaient concernant le faible nombre de médicaments remboursés dans le cadre de ce programme, et de centres de santé acceptant les paiements par le biais de la CMU.

Droit à l’alimentation

Selon le rapport publié en décembre par l’Institut national de la statistique, le taux d’inflation a atteint 4,4 % sur l’année 2023. Pour y faire face, les autorités ont pris des mesures visant à protéger le pouvoir d’achat de la population. En septembre, elles ont suspendu jusqu’à la fin de l’année les exportations de riz et de sucre pour lutter contre la hausse des prix de ces produits et assurer l’approvisionnement régulier du marché national.

Droit à un environnement sain

La deuxième phase du Projet d’investissement forestier a débuté en 2023, avec un appui financier de la Banque mondiale s’élevant à 148 millions de dollars des États-Unis. Selon le gouvernement, le projet visait à conserver et accroître le stock forestier et à améliorer les moyens d’existence des populations vivant dans les zones forestières ciblées. D’après une étude parue en mai dans la revue en ligne Nature Food, la culture du cacao était une cause sous-jacente de plus de 37 % des pertes forestières dans les aires protégées de Côte d’Ivoire. Ce rapport soulignait la nécessité de garantir des prix équitables et d’encourager une amélioration des pratiques agricoles.

Droits des enfants

À l’issue de sa visite en Côte d’Ivoire, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage a déclaré avoir été informé durant son séjour que le « travail des enfants persist[ait] dans divers secteurs de l’économie, notamment dans l’agriculture, le travail domestique, la vente ambulante et l’exploitation minière artisanale de l’or ». Il s’est également dit préoccupé par « le sort des filles qui, soit, font l’objet de traite en provenance des pays de la région pour des fins d’exploitation sexuelle, ou subissent le mariage forcé et le mariage précoce ».


  1. « Côte d’Ivoire. Amnesty International exige la libération immédiate des militants du PPA CI arbitrairement détenus », 13 mars