Le 14 octobre 2019, Thierno Sadou Bah, un chauffeur âgé de 18 ans, et son cousin Mamadou Karfa Diallo, un élève âgé de 20 ans, se rendent à une manifestation contre la candidature à un troisième mandat du président Alpha Condé dans leur quartier Wanindara à Conakry.
La manifestation – initiée par le Front national pour la défense de la constitution (FDNC)- n’est pas autorisée par les autorités locales. Pourtant, depuis six mois, des centaines de personnes manifestent leur opposition à une nouvelle Constitution qui permet au président Condé de se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels. Dans plusieurs villes, des échauffourées éclatent entre forces de sécurité et jeunes manifestants.
À Wanindara, un barrage de fortune est dressé par des jeunes du quartier sur une route secondaire, à cinquante mètres de la cour qui mène au domicile de Thierno Sadou et Mamadou Karfa. Dans un live vidéo Facebook, Mamadou Karfa Diallo s’est filmé. On le voit debout sans armes devant un barrage. Trois tirs d’armes à feu sont entendus dans la vidéo et le font sursauter. Selon des membres de la famille, Mamadou Karfa Diallo a été atteint en premier une balle dans le dos, Thierno Sadou Bah a été touché à la hanche et s’écroule en tentant de soulever son cousin. Les deux cousins ont été tués par des forces de défense et de sécurité.
Le 15 octobre, lendemain de la mort des deux jeunes, une vingtaine de gendarmes en uniformes bleus, cagoulés, et munis de gilets pare-balle ont surgi au domicile où leur famille endeuillée, recevait les condoléances pour empêcher le rassemblement. Ils ont saccagé les chaises en plastique, la tente, injurié des membres de la famille et tiré des gaz lacrymogènes. Le pied de leur oncle Thierno Sadou Bah a été blessé suite à l’un de ces tirs.
Les deux jeunes hommes ont finalement été enterrés le 4 novembre au cimetière de Bambeto à Conakry. Les certificats de décès avec une mention ‘’ mort violente’’ ont été remis à leurs parents. Le procureur de Dixinn ne leur a pas communiqué le résultat des autopsies. Les parents de Thierno Sadou Bah et Mamadou Karfa Diallo n’ont pas porté plainte par peur de représailles.