Journée d’action pour la liberté en Gambie

Une journée d’action en faveur de la population gambienne aura lieu mardi et mercredi dans 12 lieux différents à travers le monde, notamment en Afrique de l’Ouest, aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. Les manifestations, organisées par Amnesty International et des organisations partenaires d’Afrique de l’Ouest, coïncident avec la fête nationale de la Gambie, appelée Journée de la liberté, qui est célébrée le 22 juillet et commémore l’arrivée au pouvoir du président Yahya Jammeh en 1994.

Depuis cette date, le gouvernement réprime la contestation politique et sociale ; de graves violations des droits humains ont été commises par l’Agence nationale de renseignement (NIA), la police et l’armée.

Dans son rapport intitulé Gambia: Fear Rules, publié en novembre 2008, Amnesty International a exposé les cas d’au moins trente personnes qui ont été détenues sans inculpation ou illégalement emprisonnées à l’issue de procès iniques depuis mars 2006. Un grand nombre d’entre elles ont été soumises à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements, ont subi une disparition forcée, ou sont mortes en détention ou peu après leur libération.

La situation des droits humains dans le pays s’est encore aggravée depuis la tentative de coup d’État de mars 2006.

Des journalistes ont été arrêtés illégalement et détenus parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir fourni des informations à des organes de presse et d’avoir écrit des articles défavorables aux autorités. Des journaux, y compris des journaux en ligne, ont été fermés ou fouillés. Les journalistes et les membres de l’opposition sont souvent harcelés, menacés, et même tués.

Depuis 2006, deux affaires relatives à des journalistes gambiens ont été portées à l’attention de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le journaliste du Daily Observer Chief Ebrima Manneh est depuis trois ans victime d’une disparition forcée malgré une décision de la Cour ordonnant sa libération et le versement d’une indemnité à sa famille.

L’ancien rédacteur en chef du journal The Independent, Musa Saidykhan, a déclaré avoir été torturé par la NIA en 2006.

En juin 2009, sept journalistes ont été illégalement arrêtés puis jugés pour sédition après avoir critiqué le président Yahya Jammeh qui avait affirmé que le gouvernement n’était pas impliqué dans le meurtre non résolu de Deydra Hydara, ancien rédacteur en chef du journal The Point tué en 2004. Depuis 1994, 27 journalistes au moins ont quitté la Gambie, plus de la moitié d’entre eux au cours des deux dernières années, et 10 au moins ont obtenu l’asile à l’étranger.

En mars 2009, Amnesty International a signalé que dans le district de Foni Kansala, non loin de Kanilai, le village du président, plus de 1 000 personnes ont été enlevées dans leur village et accusées de « sorcellerie ». Elles ont été emmenées dans des centres de détention secrets et on les aurait forcées à boire des breuvages hallucinogènes et à avouer qu’elles pratiquaient la sorcellerie.

La préparation qu’elles ont été forcées de boire provoque manifestement des problèmes rénaux : six de ces personnes sont mortes des suites d’une insuffisance rénale. Un dirigeant de l’opposition bien connu, Halifa Sallah, a écrit des articles pour Forayaa, le principal journal de l’opposition en Gambie, et critiqué les accusations de « sorcellerie » lancées par le gouvernement. Il a été arrêté, inculpé de trahison et incarcéré dans la prison centrale Mile Two. Grâce à une intense pression exercée depuis l’étranger les charges retenues contre lui ont été abandonnées et il a été remis en liberté.

Les migrants et les personnes de passage en Gambie sont eux aussi victimes d’arrestations illégales ainsi que d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements aux mains des forces de sécurité. En juillet 2005, 50 étrangers, parmi lesquels 44 Ghanéens, ont été arrêtés et, semble-t-il, tués par des membres des forces de sécurité gambiennes. Un récent rapport conjoint de la CEDEAO et de l’ONU indique que les responsables de ces agissements sont des éléments véreux de forces de sécurité. Le gouvernement gambien n’a toujours pas pris de mesures pour déférer ces individus à la justice.

Amnesty International encourage tous les membres de la société civile en Afrique à se réunir le 22 juillet 2009 pour appeler le gouvernement gambien à protéger les libertés et droits fondamentaux de ses concitoyens.