À la suite d’un éboulement meurtrier, des responsables de la ville du Caire sont déclarés coupables

Amnesty International se félicite que huit responsables de la ville du Caire aient à répondre de leurs actes et soient déclarés coupables de négligence dans la mort d’au moins 119 personnes lors d’un éboulement qui a frappé un bidonville de la capitale égyptienne en septembre 2008. Les huit accusés, dont un vice-gouverneur du Caire, ont été condamnés à des peines d’emprisonnement mercredi 26 mai 2010 pour négligence ayant causé morts et blessures par accident, en lien avec l’éboulement meurtrier d’Al Duwayqa, dans l’est du Caire. Ils demeurent en liberté sous caution, jusqu’à ce qu’une cour d’appel se prononce sur cette affaire.Le tribunal a statué que les autorités locales du Caire connaissaient les risques dans cette zone, et que les victimes auraient donc pu être évitées. Si les condamnations sont confirmées en appel, les victimes de l’éboulement et leurs familles pourront demander une indemnisation. Certaines ont accueilli ce jugement avec joie, s’écriant « Vive la justice ! ». D’autres ont exprimé leur frustration, les fonctionnaires déclarés coupables demeurant en liberté. Amnesty International a fait campagne pour que justice soit rendue aux victimes de l’éboulement d’Al Duwayqa et pour l’évacuation de milliers d’habitants démunis contraints de vivre dans des logements indécents et à risque sur des flancs de colline instables. Le Centre égyptien pour le droit au logement, partie civile lors du procès, a déclaré que ces condamnations n’auraient pas été prononcées sans le travail de pression d’Amnesty International. « Ces poursuites engagées contre des responsables de la municipalité du Caire représentent une étape majeure vers la justice pour les victimes de l’éboulement d’Al Duwayqa, a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Nous espérons que cela incitera les autorités égyptiennes à prendre de nouvelles mesures pour veiller à ce que tous ceux qui habitent actuellement dans des zones dangereuses au Caire soient correctement protégés à l’avenir. »Le tribunal correctionnel de Manshiyet Nasser a condamné le vice-gouverneur du Caire à une peine de cinq ans d’emprisonnement, et les sept autres à des peines de trois ans. Il s’agit du directeur de l’Administration locale de Manshiyet Nasser au moment de l’éboulement, de son prédécesseur, et de cinq employés en charge de l’urbanisme, du logement et du suivi des risques d’éboulement dans cette zone. Dans son rapport paru en novembre 2009 sous le titre Égypte. Enterrés vivants : délaissés et piégés par la pauvreté dans les bidonvilles du Caire, Amnesty International réclamait la protection des habitants des « zones dangereuses » du Caire. Le mois suivant, le procureur général a inculpé les huit employés municipaux et les a déférés à la justice.Le tribunal a écarté les requêtes des avocats de la défense et des parties civiles visant à demander des comptes à de plus hauts responsables et à faire comparaître en qualité d’accusés le gouverneur du Caire et l’ancien ministre du Logement, des Services publics et du Développement urbain. Le 6 septembre 2008, dans le secteur de Manshiyet Nasser, des blocs de pierre se sont décrochés de la colline du Moqattam et se sont écrasés sur le quartier informel d’Ezbet Bekhit. Dans le cadre du projet de développement du Grand Caire, qui doit être terminé d’ici 2050, 26 secteurs ont été classés « dangereux ». En mars 2010, les autorités du Caire ont estimé que 17 600 familles vivaient en danger imminent de mort, et ce dans le seul secteur de Manshiyet Nasser. Environ 6 300 familles de cette zone ont été relogées depuis l’éboulement de 2008 ; toutefois, il semble que nombre d’entre elles aient été expulsées de force. « La tragédie d’Al Duwayqa devait se produire un jour ou l’autre, a déclaré Philip Luther. Les autorités égyptiennes doivent à la fois aux victimes et aux survivants de cette terrible matinée de veiller à ce qu’une telle catastrophe ne se reproduise pas. »