Les mesures prises par Israël afin « d’assouplir » le blocus illégal de Gaza face à l’importante pression internationale ont peu changé le sort de la population civile de Gaza, écrivent dans un rapport publié mardi 30 novembre la section britannique d’Amnesty International et 21 autres organisations œuvrant dans le domaine du développement, de la défense des droits humains et de la construction de la paix. Dans ce document, intitulé Des espoirs réduits à néant – Prolongement du blocus de Gaza, les organisations appellent à une action internationale renouvelée pour assurer une levée immédiate, inconditionnelle et complète du blocus. Selon le rapport, la communauté internationale a allégé sa pression sur Israël mais trop peu a été fait pour assouplir efficacement les restrictions imposées sur la vie quotidienne des 1,5 millions de Palestiniens à Gaza, dont la moitié sont des enfants. Le rapport indique qu’Israël a non seulement négligé de prendre en compte des éléments majeurs du blocus parmi ses mesures d’« assouplissement », tels que la levée de l’embargo sur les exportations de Gaza, mais a également échoué dans le respect des engagements clés qui ont été pris. Israël avait promis d’augmenter et d’accélérer les importations de matériaux de construction nécessaires aux projets des Nations unies ou à d’autres projets internationaux pour des écoles, centres de santé, maisons ou stations d’épuration, dont un grand nombre ont été endommagés ou détruits lors de l’offensive militaire de décembre 2008-janvier 2009. Cependant, le rapport montre que les progrès ont été lents et limités depuis cet engagement. À ce jour, Israël a seulement approuvé l’importation de matériaux pour 25 projets de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) concernant la construction d’écoles et de cliniques, ce qui ne représente que 7 % du plan entier de reconstruction de l’UNRWA pour Gaza. Et même pour ces projets approuvés, seule une faible partie des matériaux de construction nécessaires ont été effectivement autorisés à entrer à Gaza. De manière plus générale, le rapport indique que les Nations unies ont estimé à 670 000 le nombre de camions de matériaux de construction nécessaires pour assurer les travaux concernant les logements dans Gaza. En moyenne seuls 715 camions de matériaux de construction par mois ont pu entrer dans la Bande de Gaza depuis l’annonce de « l’assouplissement ». À ce rythme, il faudrait plusieurs décennies pour construire les logements nécessaires. De plus, l’UNRWA ayant été dans l’incapacité d’obtenir des matériaux afin de construire de nouvelles écoles, 40 000 enfants admissibles n’ont pu être inscrits dans les écoles de l’ONU lors de la rentrée scolaire. « Seule une fraction de l’aide nécessaire a pu parvenir aux civils pris au piège à Gaza par le blocus », a déclaré Jeremy Hobbs, directeur d’Oxfam International. « Le non-respect des engagements pris par Israël et le manque d’action internationale pour lever le blocus privent les Palestiniens de Gaza de l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’emploi et à un avenir pacifique ». De plus, « l’assouplissement » n’a eu aucune incidence sur les exportations, qui demeurent interdites jusqu’à présent. Deux entreprises industrielles sur trois sont par conséquent fermées et le reste ne fonctionne que partiellement, tandis que l’augmentation des importations de biens de consommation vient concurrencer les producteurs locaux, qui ne peuvent ni exporter ni reprendre leur activité, indiquent les ONG signataires du rapport. La circulation des personnes a également connu peu d’évolution. Malgré l’engagement du gouvernement israélien de faciliter l’entrée et la sortie de Gaza pour les travailleurs humanitaires, le rapport montre qu’en réalité le nombre de refus d’entrée et de sortie pour le personnel humanitaire local des agences des Nations unies a augmenté depuis que les mesures « d’assouplissement » ont été annoncées. Dans le même temps, la population de Gaza reste enfermée et continue de se voir refuser toute possibilité de circuler pour voyager, travailler, étudier ou rendre visite aux parents et amis en dehors de Gaza. Bien que le nombre d’hommes et femmes d’affaires autorisés à voyager ait augmenté, il n’y a eu aucune augmentation du nombre total de Palestiniens autorisés à quitter Gaza par les points de passage israéliens, et ce nombre reste inférieur à un pour cent des niveaux d’avant la deuxième intifada en 2000. Catherine Ashton, Haute représentante pour les Affaires étrangères de l’Union européenne, a récemment déclaré : « nous pensons que ce qui s’est passé avec Gaza n’est pas satisfaisant, qu’Israël n’a pas respecté ses engagements sur l’assouplissement du blocus de la bande de Gaza ». D’après Kate Allen, directrice de la section britannique d’Amnesty International : « le soi-disant “assouplissement” du blocus de Gaza ne change pas le fait que ce blocus cruel et illégal qui punit la population civile entière reste en vigueur. Le seul réel allègement a été celui de la pression sur les autorités israéliennes pour mettre fin à cette pratique cruelle et illégale ». Les organisations à l’origine du rapport sont les suivantes : Amnesty International Royaume-Uni ; Broederlijk Delen ; CAFOD ; CCFD-Terre solidaire ; Christian Aid ; Church of Sweden ; Cordaid ; Diakonia ; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ; Handicap International ; IKV Pax Christi ; Medical Aid for Palestinians (MAP) ; Medico International ; MS ActionAid Denmark ; Norwegian Refugee Council (NRC) ; Oxfam International ; Quaker Council for European Affairs ; RCT ; Redd Barna ; Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) ; Save the Children Royaume-Uni ; TROCAIRE.