Les autorités saoudiennes doivent immédiatement libérer Abdullah al Hamid, un prisonnier d’opinion maintenu en détention alors qu’il est dans le coma et dans une situation critique, a déclaré Amnesty International le 17 avril.
Abdullah al Hamid, éminent défenseur des droits humains condamné à 11 ans d’emprisonnement en raison de ses activités militantes pacifiques, a eu une crise cardiaque le 9 avril et il est actuellement dans le coma ; il se trouve dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital al Shumaisi à Riyadh.
Il est cruel de maintenir en détention cet homme qui est dans le coma.
Lynn Maalouf, directrice de la recherche pour le Moyen-Orient à Amnesty International
« Il est cruel de maintenir en détention cet homme qui est dans le coma, a déclaré Lynn Maalouf, directrice de la recherche pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Abdullah al Hamid, tout comme d’autres prisonniers d’opinion en Arabie saoudite, n’aurait de toute façon jamais dû être incarcéré. Toutes les personnes qui ont été emprisonnées uniquement parce qu’elles ont exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux doivent être libérées immédiatement et sans condition. »
« Les prisonniers âgés et ceux qui souffrent déjà de problèmes de santé risquent fortement de contracter le COVID-19. Les autorités doivent donc également tenir compte de leur situation en vue de les libérer ou de mettre en place des solutions de remplacement à la détention. Toutes les personnes en instance de jugement doivent aussi être remises en liberté. »
Abdullah al Hamid souffre d’hypertension, et un médecin lui a dit il y a trois mois qu’il avait besoin de se faire opérer du cœur dans les mois à venir. Les autorités carcérales l’ont averti que s’il parlait à sa famille de son état de santé, elles l’empêcheraient de communiquer avec elle.
Parmi les prisonniers et prisonnières d’opinion maintenus en détention dans le royaume figurent plusieurs éminentes défenseures des droits des femmes, dont Loujain al Hathloul.
Les conditions de détention dans les prisons surpeuplées en Arabie saoudite accroissent considérablement le risque de propagation du COVID-19. Amnesty International a déjà exprimé par le passé ses inquiétudes quant au fait que les autorités ne fournissent pas de soins médicaux adéquats dans les prisons du pays.
Abdullah al Hamid
Abdullah al Hamid, qui est âgé de 69 ans, est un membre fondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), organisation indépendante qui défend les droits humains.
En tant que défenseur des droits humains, écrivain et universitaire, il a beaucoup écrit sur la question des droits humains et de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il a été professeur de littérature contemporaine à l’université islamique Imam Muhammad bin Saud, à Riyadh, mais a été démis de ses fonctions en raison de ses activités militantes. Il est marié et père de huit enfants.
En mars 2012, Abdullah al Hamid et Mohammad al Qahtani ont été arrêtés et interrogés au sujet de leur travail au sein de l’ACPRA et de leurs activités militantes pacifiques. En mars 2013, ils ont été condamnés à 11 et 10 ans d’emprisonnement respectivement, pour « déloyauté envers le souverain », « remise en cause de l’intégrité des représentants de l’État », « tentative d’atteinte à la sécurité et incitation à troubler l’ordre public en appelant à des manifestations », et pour avoir « incité des organisations internationales à agir contre le royaume ».
Défenseures des droits humains
Loujain al Hathloul et plusieurs autres éminentes défenseures et militantes saoudiennes des droits humains ont été arrêtées en mai 2018. Ces courageuses militantes réclamaient de manière pacifique le droit de conduire pour les femmes et l’abolition du système de tutelle masculine.
Loujain al Hathloul est jugée pour divers motifs liés à ses activités pacifiques de défense des droits humains. Elle a subi toute une série de violations des droits humains pendant sa détention, notamment des actes de torture, des violences sexuelles et d’autres formes de mauvais traitements. Pendant les trois premiers mois de sa détention, elle a été détenue au secret, sans pouvoir communiquer avec sa famille ni avec son avocat. Depuis janvier 2020, elle a également été soumise à plusieurs périodes d’isolement.
Actuellement, 13 défenseures des droits humains font toujours l’objet de poursuites judiciaires en raison de leurs activités militantes pacifiques et elles risquent d’être condamnées à des peines d’emprisonnement au titre de la législation relative à la lutte contre la cybercriminalité en raison de leur travail de défense des droits fondamentaux. Sur ces 13 femmes, cinq se trouvent en détention : Loujain al Hathloul, Samar Badawi, Naseema al Sada, Nouf Abdulaziz et Mayaa al Zahrani. Les autorités doivent les libérer immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles et contre celles qui ont fait l’objet d’une libération conditionnelle doivent être abandonnées.