Qatar. Le Fonds d’héritage de la Coupe du monde de la FIFA 2022 laisse pour compte les travailleurs exploités

À l’occasion du lancement du Fonds d’héritage de la Coupe du monde de la FIFA 2022, Steve Cockburn, responsable du programme Droits du travail et Sport d’Amnesty International, a déclaré :

« Il est scandaleux que la FIFA et le Qatar aient lancé leur fonds d’héritage attendu de longue date sans la moindre reconnaissance de leur responsabilité évidente envers les très nombreux travailleurs qui ont été exploités et, pour beaucoup, sont morts pour rendre la Coupe du monde 2022 possible. Fournir de l’argent aux initiatives mondiales pour soutenir les personnes réfugiées et protéger les travailleurs contre les effets des chaleurs extrêmes est important. Cependant, à l’heure actuelle, le fonds ne fait absolument rien pour les familles qui ont perdu un proche au Qatar et basculé dans la pauvreté à la suite de son décès.

« En ne prévoyant pas d’indemniser les travailleurs et leurs familles pour les graves préjudices subis au Qatar, la FIFA ignore de manière flagrante ses propres directives en matière de droits humains et ignorera probablement aussi les conclusions de l’étude qu’elle a elle-même commandée – qui n’ont pas encore été publiées. Tant que la FIFA continuera à pratiquer la politique de l’autruche, les travailleurs et leurs familles continueront d’en subir les conséquences.

« Après les appels à l’indemnisation émanant de supporters, de joueurs, de sponsors et de fédérations de football du monde entier, ce fonds d’héritage ne peut pas être la fin de l’histoire. La FIFA doit enfin faire ce qui est juste en offrant véritablement réparation à toutes les personnes dont les droits ont été bafoués en conséquence de sa compétition phare. »

Complément d’information

Mercredi 27 novembre, la FIFA a annoncé qu’elle lançait en partenariat avec le Qatar un Fonds d’héritage de la Coupe du monde 2022 doté de 50 millions de dollars des États-Unis, qui fournira des financements à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Ce fonds ne comporte aucune indemnisation pour les travailleurs victimes, même s’il prévoit une contribution pour le programme « Beat the Heat » (Lutter contre la chaleur) de l’OMS, qui vise à protéger les travailleurs du stress thermique à l’avenir. Amnesty International a dénoncé les nombreux décès de personnes ayant travaillé par une chaleur extrême au Qatar, et il est probable que des travailleurs seront également exposés à des risques élevés au cours de la préparation de la Coupe du monde 2034 en Arabie saoudite.

Avant la Coupe du monde de la FIFA 2022, une vaste coalition d’organisations de défense des droits humains, de syndicats professionnels, d’organisations de supporters et de syndicats de joueurs ont appelé la FIFA à réserver au moins 440 millions de dollars des États-Unis pour indemniser les travailleurs – l’équivalent des primes prévues pour les équipes participantes. Cet appel a été soutenu par un certain nombre de fédérations de football et des sponsors de la FIFA, tandis que des sondages d’opinion ont montré un large soutien du public. Il a toutefois été ignoré par la FIFA.

En mars 2023, la FIFA a commandé une étude indépendante pour déterminer s’il lui incombait d’accorder des réparations pour les violations des droits humains commises en lien avec la Coupe du monde. Les conclusions de cette étude n’ont pas encore été publiées, mais il semblerait qu’elle recommande d’accorder des réparations à un très grand nombre de travailleurs.

Les fonds d’héritage précédents de la FIFA pour les Coupes du monde organisées en Afrique du Sud, au Brésil et en Russie représentaient selon certaines sources 100 millions de dollars chacun – soit le double de celui du Qatar. La Coupe du monde 2022 a rapporté plus de sept milliards de dollars à la FIFA.