Le gouvernement pakistanais doit ordonner immédiatement l’ouverture d’une enquête indépendante et efficace sur l’homicide présumé d’au moins trois militants le 26 mai, a déclaré Amnesty International le 27 mai 2019.
Deux parlementaires du Pashtun Tahaffuz Movement (PTM, Mouvement pour la protection des Pachtounes) conduisaient un défilé de militants dans la région de Khar Kamar, dans le Waziristan du Nord, le long de la frontière afghane, lorsque des tirs ont retenti, faisant des victimes.
L’un des parlementaires, Ali Wazir, se trouve actuellement en détention aux mains de l’armée pakistanaise. Les récits des événements sont contradictoires : l’armée affirme que les militants du PTM ont attaqué un poste de contrôle, tandis que ces derniers insistent sur le fait qu’ils n’ont tiré aucun coup de feu. Les services de téléphonie et d’Internet ont été coupés après cet événement, ajoutant à la confusion.
« Le gouvernement pakistanais doit immédiatement ordonner la tenue d’une enquête indépendante et efficace sur l’homicide des militants survenu le 26 mai dans le Waziristan du Nord. Si les informations selon lesquelles l’armée a tué des manifestants en faisant illégalement usage de balles réelles sont confirmées, il s’agirait d’une violation très grave du droit international, a déclaré Rabia Mehmood, chercheuse sur l’Asie du Sud à Amnesty International.
« Au titre du droit international, les responsables de l’application des lois peuvent utiliser la force meurtrière uniquement lorsqu’elle est strictement nécessaire pour protéger la vie. En cas d’usage de la force meurtrière, les autorités doivent mener des investigations exhaustives afin de déterminer si le recours à la force était excessif et si les décès qui en ont résulté étaient illégaux. Enfin, les personnes déclarées responsables de l’usage d’une force excessive ou d’homicides illégaux doivent être jugées dans le cadre de procès équitables, sans recours à la peine de mort. »
Complément d’information
Le Mouvement pour la protection des Pachtounes (PTM) affirme utiliser des moyens non violents pour faire campagne contre les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et d’autres violations des droits humains que subit la minorité ethnique pachtoune au Pakistan. Par le passé, de hauts responsables du gouvernement, notamment le Premier ministre Imran Khan et le chef des armées, le général Qamar Javed Bajwa, ont déclaré reconnaître et comprendre les revendications du PTM.
Cependant, malgré ces déclarations, les autorités pakistanaises intensifient la répression contre ce mouvement. Des dizaines de ses sympathisants ont été arrêtés, placés en détention arbitraire, soumis à des mesures de surveillance et d’intimidation, et même menacés de violences. À travers le pays, leurs rassemblements sont interdits ou dispersés, les privant des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
Le 2 février 2019, Arman Luni, militant du PTM originaire du Baloutchistan, a été tué lors d’une manifestation à Lorelai. D’après des témoins, il était détenu par la police à ce moment-là. Sa famille s’est battue pour pouvoir porter plainte contre la police pour ce meurtre.