Amnesty International lance une version mise à jour de sa plateforme Citizen Evidence Lab (« Laboratoire de preuves recueillies par des citoyens »), qui intègre des outils pointus d’enquête en ligne au moyen de ressources en libre accès, qui ont révolutionné la manière de recueillir et de préserver les éléments de preuve de graves atteintes aux droits humains et d’autres crimes.
Les enquêtes menées grâce à la plateforme novatrice Citizen Evidence Lab ont déjà contribué à dénoncer des atteintes aux droits humains au Cameroun, des crimes de guerre en Syrie et des attaques à l’arme chimique au Soudan.
La version mise à jour du site offre un espace permettant aux personnes menant des recherches sur les droits humains, aux étudiants et aux journalistes de découvrir et de partager des méthodes d’enquête dans le domaine des droits humains. Cette plateforme leur permet de profiter davantage des flux de données en ligne essentiels aux méthodes modernes d’établissement des faits, tout en luttant contre les campagnes de désinformation et de diffamation.
« Les enquêtes sur les droits humains à l’ère du numérique sont en évolution constante, et la plateforme Citizen Evidence Lab avait initialement été conçue pour être un espace permettant de rester à la pointe des innovations, en partageant des conseils, des outils et des bonnes pratiques sur certaines méthodes comme la vérification vidéo, la télédétection ou l’analyse des armes », a déclaré Sam Dubberley, responsable de l’Evidence Lab du programme Réaction aux crises.
Les enquêtes sur les droits humains à l’ère du numérique sont en évolution constante, et la plateforme Citizen Evidence Lab avait initialement été conçue pour être un espace permettant de rester à la pointe des innovations, en partageant des conseils, des outils et des bonnes pratiques sur certaines méthodes comme la vérification vidéo, la télédétection ou l’analyse des armes.
Sam Dubberley, responsable de l’Evidence Lab du programme Réaction aux crises
« Amnesty International a été pionnière en ce qui concerne l’utilisation de nombreuses techniques pointues dans la sphère des droits humains. Avec le lancement de la plateforme Citizen Evidence Lab mise à jour aujourd’hui, nous souhaitons exploiter les réussites passées et réaffirmer notre engagement envers la communauté florissante de personnes enquêtant en ligne sur les droits humains au moyen d’outils en libre accès que nous avons contribué à promouvoir. »
Qu’est-ce que des « preuves recueillies par les citoyens » ?
Les « preuves recueillies par les citoyens » sont des photos, des vidéos, des images satellites, de vastes ensembles de données et d’autres ressources qui ont été recueillies par quelqu’un n’étant pas officiellement chercheur sur les droits humains et qui révèlent de possibles atteintes aux droits humains.
Souvent partagées sur les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook et YouTube, ces ressources montrent souvent en détail des crimes qui auraient sinon pu passer passer inaperçus. Bien que l’accès à ces éléments de preuve et la technologie permettant de les obtenir évoluent constamment, les campagnes de désinformation sont également de plus en plus nombreuses, et rendent donc nécessaire le recours à de nombreuses sources de données et outils pour les combattre.
Une ressource de référence pour les enquêtes en ligne sur les droits humains
Depuis sa création en 2014, la plateforme Citizen Evidence Lab est devenue une ressource de référence pour les personnes qui enquêtent sur les droits humains au moyen de ressources en libre accès et qui participent à des travaux tels que ceux mis au point par l’Evidence Lab du programme Réaction aux crises ou s’en inspirent.
La plateforme propose notamment des guides sur les outils et techniques destinés à vérifier des vidéos et images en libre accès, et met également en lumière des études de cas d’Amnesty International démontrant que des méthodes comme la télédétection ou l’analyse d’armes à distance peuvent permettre de dénoncer les atteintes aux droits humains. Elle présente et s’inspire de projets innovants faisant appel à des milliers de bénévoles pour analyser des données à grande échelle.
Des tutoriels sont également proposés sur des méthodes telles que la recherche inversée d’images, la préservation d’éléments de preuve provenant des réseaux sociaux en vue de veiller à ce qu’ils ne soient pas perdus, ou l’utilisation d’autres ressources en ligne, telles que les images satellites, permettant de déterminer où et quand certains événements ont eu lieu.
Les blogs et les tutoriels sont créés par des hauts conseillers du programme Réaction aux crises, des chercheurs et des membres de la communauté d’étudiants, d’organisations partenaires et d’autres bénévoles ayant participé au projet.
Le site présente également des conseils pratiques pour minimiser les traumatismes indirects causés par le visionnage d’images choquantes.
L’essor des smartphones et des réseaux sociaux associé à la baisse des prix des images satellites nous ont offert un accès sans précédent, souvent en temps réel, à des éléments de preuve d’atrocités perpétrées à l’autre bout du monde.
Sam Dubberley, Amnesty Intenational
« L’essor des smartphones et des réseaux sociaux associé à la baisse des prix des images satellites nous ont offert un accès sans précédent, souvent en temps réel, à des éléments de preuve d’atrocités perpétrées à l’autre bout du monde », a déclaré Sam Dubberley.
« Pour les personnes menant des recherches sur les droits humains, cela offre de précieuses opportunités d’enquêter sur des atteintes qui auraient pu passer inaperçues et de les dénoncer, mais cela leur impose également la responsabilité de respecter les bonnes pratiques et de travailler de manière éthique. Lorsque nous passons au crible les informations et la propagande pour arriver à la vérité, nous devons également veiller à ne pas porter préjudice, en nous assurant par exemple de ne pas mettre des personnes encore plus en danger ou de ne pas exposer nos membres du personnel ou nos bénévoles à des traumatismes indirects. »
Complément d’information sur l’Evidence Lab
Le site est géré par l’Evidence Lab du programme Réaction aux crises d’Amnesty International. L’Evidence Lab réunit des enquêteurs, des ingénieurs, des développeurs et d’autres personnes en vue d’élaborer des outils ou de développer des outils existants, comme l’intelligence artificielle, la télédétection, l’identification des armes ou l’analyse de mégadonnées.
Les projets de l’Evidence Lab contribuent à de nombreux rapports de recherche, communiqués de presse et d’autres ressources produits chaque année par Amnesty International. Il lance également des projets collaboratifs autonomes à grande échelle impliquant des bénévoles partout dans le monde, comme :
- Décodeurs d’Amnesty: un réseau de collaboration massive regroupant de dizaines de milliers de militants analysant de grands volumes de données, telles que des images satellites, des documents, des photos ou des messages sur les réseaux sociaux. Les projets Décodeurs ont pour but d’aller au-delà du « clicktivisme », en permettant aux bénévoles de fournir des données importantes pour les enquêtes d’Amnesty International sur les droits humains ;
- Le Service de vérification numérique d’Amnesty : un réseau de plus de 100 étudiants de diverses filières, de six universités partenaires, qui vérifient l’authenticité de vidéos et d’images trouvées sur les réseaux sociaux, en vue de contribuer aux recherches sur les droits humains dans un monde de plus en plus compliqué de désinformation et de diffamation. Le programme a récemment reçu le prestigieux prix de la collaboration internationale de Times Higher Education.
L’Evidence Lab a contribué à des enquêtes sur les droits humains ayant eu un réel impact et une forte résonance, en s’appuyant sur les expériences pionnières d’Amnesty International en matière de preuves recueillies par les citoyens et de télédétection, qui remontent au projet novateur de 2007 Eyes on Darfur. Citons notamment :
- l’enquête Troll Patrol, qui a abouti à la création du plus grand ensemble de données participatif concernant les violences faites aux femmes sur Internet ;
- les révélations sur le recours des forces de sécurité soudanaises à des armes chimiques dans la région du Djebel Marra, au Darfour ;
- la cartographie de l’ampleur de la destruction et des victimes parmi les civils causées par les frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis sur Raqqa, en Syrie ; et
- la publication d’informations attestant que des soldats camerounais ont procédé à l’exécution extrajudiciaire de femmes et d’enfants, ce qui a abouti à des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables et à la production d’un documentaire ayant remporté un prix Peabody Award.