Amnesty International a qualifié ce mardi 24 août 2010 de victoire historique pour les droits humains des peuples indigènes la décision du gouvernement indien de refuser le projet de mine de bauxite dans les collines de Niyamgiri, dans l’État d’Orissa. Le ministère indien de l’Environnement et des Forêts a rejeté ce mardi 24 août 2010 le projet d’exploitation minière soumis par une filiale de la société Vedanta Resources, dont le siège est au Royaume-Uni, et l’entreprise minière d’État Orissa Mining Corporation. Il a conclu que ce projet, qui bafoue déjà amplement les lois relatives à l’environnement et aux forêts, foulerait aux pieds les droits humains des adivasis (aborigènes), notamment les Dongrias Kondhs, habitant ces collines. « Les Dongrias Kondhs et les populations locales luttent depuis des années en faveur de cette décision, qui est plus que bienvenue, a déclaré Madhu Malhotra, directeur adjoint du Programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Les entreprises et le gouvernement de l’Orissa doivent désormais certifier qu’ils ne tenteront pas simplement de transférer ce projet vers un autre site sans apporter les garanties nécessaires. Ils doivent s’engager à respecter les droits humains des communautés indigènes et locales où que les entreprises s’implantent. » Amnesty International s’est également félicitée de la décision du gouvernement de suspendre la procédure visant à autoriser la multiplication par six des capacités de la raffinerie de Lanjigarh, au pied des collines de Niyamgiri, que gère Vedanta Aluminium, filiale de Vedanta. Un comité d’experts du gouvernement a en effet qualifié cette procédure d’illégale. « Les autorités doivent ordonner le nettoyage de la raffinerie de Lanjigarh, qui engendre une pollution de l’air et de l’eau, compromettant gravement les droits des populations voisines dont la vie est devenue insupportable », a expliqué Madhu Malhotra. Amnesty International a demandé aux autorités gouvernementales de mettre au point une procédure claire et transparente afin d’obtenir au préalable le consentement libre et éclairé des communautés indigènes susceptibles d’être touchées par ces projets et de respecter leur décision, conformément au droit national et international. Le rapport de l’expert mandaté par le ministère sur lequel se sont appuyées les décisions prises en ce 24 août 2010 recensait les violations juridiques et les atteintes aux droits humains imputables aux entreprises concernées. Ses conclusions et le rejet du projet vont dans le sens du rapport circonstancié qu’a publié Amnesty International en février 2010 sous le titre Ne détruisez pas nos vies pour produire du minerai. En Inde, des vies dévastées par une mine de bauxite et une raffinerie d’alumine. Depuis huit ans, les Dongrias Kondhs et les communautés vivant dans les collines de Niyamgiri protestent contre les projets d’exploitation de la bauxite par la filiale de Vedanta Resources, Sterlite Industries India, et l’Orissa Mining Corporation. Ils redoutaient que ce projet, prévu sur leurs sites sacrés, lieux d’habitation et terres traditionnelles, ne débouche sur des violations, en tant que peuples autochtones, de leurs droits à l’eau, à la nourriture, à la santé, au travail et de leurs droits garantissant la protection de leur culture et de leur identité. « Au terme d’années de lutte et de visites de nombreux comités, notre voix a fini par atteindre Delhi », s’est réjoui un responsable des Dongrias Kondhs.